Bon ok, il n’y avait pas que les cours qui me donnaient le sourire sur le chemin de l’école. Non, il y avait lui. Gabriel. La première fois que je l’ai vu je devais avoir six ans. Mes premiers pas dans la haute société. J’étais terrorisée. C’était la rentrée, Hayden n’était pas là, et j’étais au milieu de ces gosses de riches. J’essayai de sourire, mais aucun son ne semblait décidé à quitter mes lèvres. Et puis il est arrivé devant moi, en me proposant une part de brownie. Est-ce que je vous ai dit que je suis allergique aux arachides ? Non ? Et bien je le suis. Cette gentille attention se transforma donc en un aller simple pour l’hôpital… Allongée sur un lit aux urgences, une perfusion au bras, et ayant pour seule compagnie la conseillère, je pensais que ma vie était ruinée… Et puis il y a ce miracle. La conseillère est sortie dehors pour passer un appel, et Gabriel est entré dans ma chambre. J’ai cru rêvée. Il s’est mis juste à côté de moi, m’a pris la main et m’a souris. Je n’ai pas pu m’empêcher de lui sourire en retour. Il était tellement adorable dans son uniforme. Et c’est comme ça que ça a commencé… Bien sûr il s’est fait disputé pour s’être enfuit de l’école s’en prévenir personne. Plus tard, il m’a avoué qu’il avait pris un taxi pour venir, il avait expliqué la situation au chauffeur, lui avait dit que son amoureuse était à l’hôpital, et apparemment ça avait fonctionné... Il était incroyable.

Il n’a jamais été question d’amitié entre lui et moi. Tout était tellement naturel. Et nous avons grandi avec cette relation. Nous avons commencé par nous donner la main, par jouer ensemble, partager notre goûter, il vérifiait toujours qu’il n’y ait aucunes traces de noisettes, amandes ou autres, se faire des bisous sur la joue, et puis les choses ont évolués. Nous avons grandi, nos sentiments aussi, nos envies aussi.
A 17 ans nous étions toujours ensemble. Et autant dire que nous faisions plus que nous tenir la main ou partager notre déjeuner. Je ne voyais pas ma vie sans lui, et je savais que la réciproque était vraie. Je l’aimais, pour de vrai. Mon cœur se serait quand je le voyais, mon estomac se tordait, et quand il me touchait, des papillons explosaient dans mon ventre. Je ne pouvais retenir un sourire à chaque fois que je posais les yeux sur lui, et j’adorais les étincelles que je décelais dans son regard quand il m’observait. Nous étions heureux, nous étions biens. Il nous restait un an et demi de lycée, et déjà les projets pour tous les deux envahissaient nos petites têtes… Peut-être n’aurions pas du nous précipiter autant… Au milieu de notre avant dernière année de lycée, il a changé. Il a commencé à trainer avec d’autres personnes. Des personnes qui ne m’appréciaient apparemment pas… Et je leur rendais bien la pareille. Je ne comprenais pas ce que faisait Gabriel avec eux. Je le voyais changer, et les disputes s’enchainèrent…
Juste avant qu’il ne parte en vacances avec sa famille, une nouvelle dispute éclata entre lui et moi.
« Je crois qu’il serait préférable que l’on fasse une pause tous les deux. »
J’ai approuvé, le cœur en morceau. Je n’ai pas eu de nouvelles de lui pendant deux mois. Je ne lui en ai pas donné non plus.
La rentrée a été atroce. Je me souviens avoir monté les escaliers qui menait au lycée, j’ai relevé la tête, et mes yeux ont croisés les tiens, mon cœur s’est serré, j’ai retenu mon souffle, et puis tu as détourné la tête, comme-ci j’étais personne.
J’ai fait comme-ci de rien était. C’était terminé, je le savais maintenant. Comme par hasard, il a fallu qu’il tombe dans ma classe.
J’ai attendu d’être rentré chez moi, d’avoir fermé la porte d’entrée pour m’effondrer. Les larmes ont coulés toutes seules, sans un bruit. C’est comme ça que m’a trouvé Hayden.
Je n’ai jamais rien montré à l’école. En même temps j’y passais le strict temps minimum. Je ne trainais qu’avec ma meilleure amie, et mon frère quand il revenait de l’université.
J’ai laissé tomber tous les projets que nous avions construits tous les deux, et j’ai du réapprendre à vivre… sans lui.
Ils ont essayé de me rassurer, en me disant que ça passerait que je rencontrais quelqu’un d’autre. Mais les mois avaient beau s’écouler, j’avais toujours l’impression que j’étais écorchée vive. La douleur était parfois si intense que je n’arrivais plus à respirer.
Après les vacances de noël, un nouveau est arrivé dans notre classe. Ethan. Il avait l’accent trainant du texas, et personne ne semblait vraiment s’intéresser à lui. Alors forcément étant les deux âmes esseulées de la classe, nous nous sommes retrouvés partenaires en labo, et à côté pour la plupart de cours. Il me faisait rire, oublier, et cela faisait un bien fou. J’ai réappris à respirer, à ne pas le chercher toujours du regard, avoir besoin de toujours savoir où il était, ce qu’il faisait, avec qui… J’ai recommencé à vivre ma vie. Et c’était quelque chose.