"you and i'll be safe and sound"Je marchais dans le couloir tout en traînant des pieds. C'est une mauvaise habitude que j'avais. La porte de sa chambre était entrouverte. Et comme un réflexe, je regardais discrètement pour voir ce qu'il était en train de faire
« Je sais que tu es là. » Je soupirais. A croire qu'il avait un radar pour me repérer. Et sans lui demander son autorisation, j'entrais dans sa chambre. Enfin dans notre chambre. Chambre qu'on partageait depuis maintenant cinq longues années. Il était en train de lire. Il est toujours en train de lire, de toute façon. Je m'installais sur son lit, notre lit et lui sourit
« Est-ce que ça va ? » Il avait fermé son livre d'un coup. Il devait certainement en avoir marre que je lui pose cette question à longueur de journée. C'est normal que je m'inquiète pour lui, c'est mon frère après tout. Mon frère jumeau qui plus est.
« Oui, oui ça va. » Je lui souris et regarda sa jambe une fois de plus. Il s'était cassé la jambe. Comment je ne sais pas. Et il n'a pas voulu me le dire. Même si j'avais une petite idée de la cause. Depuis il avait ordre du médecin de ne pas bouger du lit pendant deux longs mois. Je savais que cela risque de l'énerver. Il n'est pas du genre à ne rien faire. Il fallait qu'il bouge. Qu'il sorte. Il ne peut jamais rester deux minutes au moment endroit. Et cela ne fait que deux semaines qu'il avait eus ce mystérieux incident.
« Bon qu'est-ce que je vais pouvoir dessiner et surtout où je vais dessiner. » Son plâtre était recouvert de dessin que j'avais fait. Attrapant un crayon, je me penchais vers son plâtre pour pouvoir trouver un petit espace de libre. Enfin ma recherche ne fut que de très courte durée.
« Salomée !! » Je fermais mes yeux quelques secondes. Elle ne pouvait donc pas me laisser tranquille deux minutes. C'était trop demander apparemment. Je me levais du lit tout en soupirant. Je n'avais pas envie d'aller. Je savais déjà ce qui m'attendait. Et j'allais être de mauvaise humeur toute la journée, alors je n'avais pas vraiment envie d'y aller.
« Allons voir le dragon. » Il s'était mis à rire. Je le regardais et lui souriait.
« Je pense plutôt que c'est une sorcière. » « Sorcière, dragon. C'est la même chose. » Il s'était remis à rire. J'ai l'impression qu'il n'était pas le même avec moi. Quand je ne suis pas avec lui, on a l'impression que c'est quelqu'un de froid et distant. Alors que ce n'est pas du tout le cas. Peut-être que c'est normal après tout, on a tout le deux vécu longtemps rien que nous deux. On devait compter que sur nous deux et personne d'autre. Alors peut-être que s'ouvrir aux autres était plus difficile pour lui.
Je prenais soin de referme la porte de la chambre avant de rejoindre le dragon, ou la sorcière. C'était les surnoms qu'on aimait bien lui donner avec mon frère. Elle devait certainement être dans la cuisine. Elle était toujours dans la cuisine de toute façon. Gagné. Elle était bien là. Cette femme qui se disait notre mère. Enfin mère adoptive. Notre mère est biologique est morte lorsque nous étions encore enfant avec mon frère. Du moins, c'est les souvenirs que j'ai. Et mon père. Je n'ai pas de souvenir de lui. Il nous a clairement abandonné. Et c'était cette femme qui nous a gentiment recueillit. Enfin gentiment. C'est ce qu'elle disait aux autres. Elle se tenait devant moi. Le sac était sur la table et était en train de compter les billets. Les billets de la caisse. Elle a dû les prendre encore une fois.
« Tu t'occuperas de la pâtisserie et de la commande en cours. » Elle désigna un petit bout du papier sur le plan de travail. Je le pris immédiatement sans pour autant le lire.
« Je sors, je reviendrais tard. A mon retour je veux que la commande soit prête et que la pâtisserie soit rangée. Et n'oublie pas que demain c'est toi qui ouvre. » Je l'écoutais tout en lisant la commande. Elle voulait que je m'occupe de la commande et de la pâtisserie, seule. C'était impossible. Vraiment impossible. Déjà qu'à deux c'était difficile, alors seule je n'ose même pas imaginer.
« Mais c'est impossible, je ne pourrais pas faire ça toute seule ! » Elle me regarda droit dans les yeux. Son regard voulait tout dire. Que j'allais devoir faire ça toute seule. Elle s'approchait de moi. Elle était en face de moi et avait toujours le même regard. Je savais ce qu'elle allait me dire. C'était toujours la même chose avec elle. A chaque fois que je me rebellais, ou mon frère d'ailleurs, elle nous ressortait le même discours et cela depuis cinq longues années.
« Cela fait cinq longues années que je m'occupe de vous deux. J'ai été gentille avec vous. » Je me retenais de rire. Gentille ? Elle ?! L'affreuse belle-mère de Cendrillon était certainement plus gentille que cette vieille peau.
« J'aurais très bien pu vous emmener au poste de police. Deux petits voleurs. Ils auraient pu vous emmener aux services sociaux. Vous auriez été séparé. C'est grâce à moi que vous êtes encore ensemble. » Je baissais les yeux. Si elle ne nous avait pas dénoncé, c'était qu'on lui était utile. On vivait peut-être dans notre vieille maison, mais on savait très bien ce qui se passait en ville. Sa pâtisserie ne marchait pas du tout. Elle était sur le point de fermer. Elle ne nous avait pas dénoncés, car on était ses esclaves. Mais un jour, un client nous as vus et a demandé qui on était. Elle a répondu qu'elle nous avait adoptés. Qu'elle avait toujours rêvé d'avoir des enfants mais qu'elle ne pouvait pas en avoir. C'était juste une blague. Bien sûr depuis ce jour-là, nous sommes devenus ces enfants adoptifs.
« Alors avec tout ce que j'ai fait pour vous, j'ai bien le droit de m'absenter une soirée. » Je me retenais vraiment de rire. S'absenter une soirée ? Ce n'était pas seulement une soirée, c'était tous les soirs. Et on devait s'occuper de la pâtisserie tout seul avec mon frère. Puisqu'elle avait terminé son petit discours, elle avait pris son sac et était parti à toute vitesse de la pâtisserie. Une fois de plus. Et une fois de plus je devais m'occuper de la pâtisserie seule.
Je devais donc m'occuper de la pâtisserie seule, puisque mon frère ne pouvait rien faire avec sa jambe cassée. Je regardais rapidement dans la salle. Il n'y avait personne. Du moins pour l'instant. Je commençais par la commande. Je regardais une nouvelle fois le papier. C'était tout simplement impossible de faire ça dans la journée qui me restait. Il y avait beaucoup trop de choses à faire. En plus je suis sûre qu'elle avait cette commande depuis longtemps mais qu'elle ne me demande de la faire que maintenant juste pour être sadique avec moi. J'allais passer mon après-midi et surement une bonne partie de ma soirée dans la cuisine. J'ai l'habitude, mais j'aimerais de temps en temps passer une soirée ordinaire et non dans cette cuisine. J’entendais la clochette de la porte d’entrée retentir. Sûrement le premier client de l’après-midi. Je me dépêchais de mettre les gâteaux que j’avais fait dans le four avant de me diriger vers le client. Je devais certainement avoir plein de farine sur le visage, mais je m’en fichais puisque de toute façon je n’allais que le servir et ensuite j’allais retourner à la cuisine. Et à la caisse il y avait un homme. Une vingtaine d’année sans doute. Brun aux yeux bleus.
« Bonjour. » Je le regardais. Il souriait. Mais bizarrement, comme si j’étais une proie.
« Bonjour ma jolie. » Ma jolie ? Mon après-midi commençait bien je tombais sur un client qui me draguait. Comme si je n’avais que ça à faire L’ignorer. Voilà ce que je devais faire.
« Une tarte au citron. » Je pris l’une des tartes au citron et l’emballait correctement. Cela faisait cinq ans que je faisais ce métier. Enfin cela ne faisait réellement qu’un an, puisque j’ai arrêté les cours depuis, mais avant j’aidais ma ‘mère’ après les cours. Je lui tendis le paquet il me tendit à son tour un billet.
« Gardez la monnaie.. »Je pris le billet et le mis dans la caisse enregistreuse. Je le regardais. J'avais comme l'impression qu'il n'attendait pas à ce genre de réaction de ma part. Il m'a bien dit de garder la monnaie, alors je gardais la monnaie. Je n'allais surtout lui dire, oh mais si je vais vous rendre la monnaie puis glousser en la lui rendant. Je ne suis pas ce genre de fille. Je ne suis absolument pas comme ça.
« C'est tout ce qu'il vous fallait ? » Apparemment oui, parce qu'il ne m'avait que sourit avant de partir. Je me retournais pour aller dans la cuisine et je voyais mon frère près de la porte.
« Ma jolie ? Tu te fais draguer par les clients maintenant ? » Je soupirais et le regarder. Je me disais aussi que deux semaines sans bouger c'était trop beau pour être vrai.
« Il faut croire. Serais-tu jaloux ? Et qu'est-ce que tu fais ici ? Le médecin as dit de ne pas bouger. » Il souriait. Comme s'il allait suivre les ordres d'un médecin. Il en faisait qu'à sa tête.
Jaloux non. Mais si un mec t'approche et qu'il veut te faire du mal, je m'occuperais de lui. Et puis j'en ai marre de rester allonger à ne rien faire. Et puis je vais t'aider puisque la sorcière a dû te donner une tonne de travail. » « Je ne te le fais pas dire ... » Je soupirais puis lui souriait. On était peut-être des frères et soeurs, mais on agissait comme un couple. On n'aimait pas qu'une personne du sexe opposé s'approche de l'autre. C'est comme si on se sentait menacé. Nous avons été seuls longtemps. C'est sans doute pour ça qu'on réagit de cette façon.